Lucullus
Lucius Licinius Lucullus, né en [1], mort en , est un homme d'État et général romain.
Consul avec Marcus Aurelius Cotta | |
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Préteur | |
Édile | |
Sénateur romain | |
Questeur |
Naissance | |
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Décès |
Vers Lieu inconnu |
Époque |
République romaine tardive (en) |
Domicile | |
Activités | |
Famille | |
Père |
Lucius Licinius Lucullus (en) |
Mère |
Caecilia Metella (d) |
Fratrie | |
Conjoints | |
Enfants | |
Parentèle |
Faustus Cornelius Sulla (pupille) Fausta Cornelia (pupille) Cornelia Postuma (en) (pupille) |
Gens |
Parti politique | |
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Maître |
Il est un ami de Sylla, sous lequel il sert lors de la première guerre mithridatique. Au cours de la troisième guerre mithridatique, il vainc les armées du Pont et d'Arménie. Excellent général, vainqueur à Tigranocerta, il n'est pourtant pas apprécié par ses soldats, dont les mutineries l'empêchent de mener la guerre à son terme.
Biographie
modifierJeunesse et cursus honorum
modifierLucullus appartenait à l'éminente gens Licinia et à la famille des Luculli, qui a pu descendre de l'ancienne noblesse de Tusculum. Il était petit-fils de Lucius Licinius Lucullus (consul en ) et fils de Lucius Licinius Lucullus (préteur environ ).
Jeune, Lucullus se distingue avec son frère en attaquant en justice l'accusateur qui avait fait condamner son père pour détournement de fonds publics durant sa préture en Ils perdent le procès, mais leur action est considérée comme un acte de piété filiale. Lucullus prend part à la guerre sociale entre 90 et , au côté de Sylla dont il est l'ami et légat[2],[3]. Lucullus ensuite suit un cursus honorum atypique : il est élu questeur en et lorsque Sylla conduit ses légions à Rome pour en chasser Marius, Lucullus est le seul de ses officiers à accepter de s'associer à l'entreprise[4]. Il l'accompagne ensuite en Asie où il sert sous ses ordres pendant plusieurs années au cours de la première guerre mithridatique. Alors qu'il est encore en Orient, il est élu à Rome édile, puis sans attendre le délai d'un an entre deux magistratures, il devient préteur en Au moment de la mort de Sylla la même année, son fidèle ami Lucullus n'est pas oublié : par son testament l'ancien dictateur lui a confié la tutelle de ses enfants ainsi que le soin de revoir et de publier ses Mémoires[5]. Il est ensuite propréteur de la province d'Afrique, vraisemblablement de 77 à Il est élevé au consulat en [6].
Troisième guerre mithridatique
modifierLors de l'attribution des gouvernements de province, il reçoit la Gaule cisalpine, mais, poussé par l'ambition, il souhaite mieux. Lorsque le proconsul de Cilicie, Lucius Octavius, décède inopinément, il manœuvre pour se faire attribuer cette province et pouvoir diriger la guerre contre Mithridate VI, roi du Pont. En les sénateurs lui confient le gouvernement de Cilicie[3].
Il parvient à Mithridate VI de Bithynie et d'Asie, assiège et occupe Apamée-Myrléa, installe son état-major à Nicomédie en [3], puis conquiert le royaume du Pont en Lorsque Mithridate se réfugie auprès de son gendre Tigrane II, roi d'Arménie, Lucullus saisit l'occasion pour envahir ce pays. Après avoir écrasé une armée arménienne très supérieure en nombre, il prend la capitale, Tigranocerte. Il ne parvient pourtant pas à vaincre totalement Tigrane et Mithridate. Sa progression devient lente et difficile, avec des mutineries chez ses soldats pour des raisons obscures (comportement tyrannique de Lucullus ? Complot des populares contre un aristocrate dont le mentor est Sylla ?). En , Pompée est désigné par le Sénat romain pour reprendre la direction des opérations militaires, ce qui cause une vive rancœur chez Lucullus[7].
Retraite
modifierAlors qu'il est rentré à Rome avec une immense fortune, estimée à plus de cent millions de sesterces[8], une nouvelle humiliation vient s'ajouter à ses déboires orientaux. En 66, il se voit frustré des honneurs du triomphe, auquel ses victoires sur Mithridate lui donnaient droit. Un tribun de la plèbe nommé Caius Memmius persuade l'assemblée de le lui refuser, sous prétexte qu'il aurait détourné du butin et fait à dessein traîner la guerre en longueur. Il est peu probable que Memmius — qui avait épousé la fille de Sylla, dont Lucullus était le tuteur — se soit attaqué à lui pour des raisons personnelles, mais plutôt, comme l'avance Plutarque, pour plaire à Pompée[9]. Le triomphe de Lucullus n'est célébré qu'en 63 lors du consulat de Cicéron[6], après trois ans d'attente hors des murs de Rome, car un postulant au triomphe, pour conserver sa qualité de commandant militaire, ne pouvait pas franchir le périmètre sacré du pomœrium.
Retiré de la vie publique, il se rend célèbre par le faste de son train de vie et de sa table. Son nom reste aussi attaché à ses magnifiques jardins à Rome (sur l'emplacement desquels a été construite la villa Médicis). Plutarque rapporte avec désapprobation ce luxe, et lui attribue d'avoir fait reproche à son cuisinier qui n'avait préparé qu'un repas simple en l'absence d'invités, en lui déclarant : « ce soir, Lucullus dîne chez Lucullus »[10]. On lui attribue l'acclimatation du cerisier aigre d'Asie en Italie[11].
Il meurt à une date indéterminée que les auteurs modernes placent entre mi-décembre 57 et mi-janvier [12], lentement miné par une dégénérescence mentale[13]. Un auteur moderne a évoqué l'hypothèse qu'il souffrait de la maladie d'Alzheimer[14]. Plutarque rapporte un détail qu'il dit tenir de Cornélius Népos : pour se faire aimer de Lucullus, un de ses affranchis, Callisthène, lui aurait administré un philtre qui aurait eu l'effet de lui faire perdre la raison[15]. Pline l'Ancien aussi indique que Lucullus serait mort de l'effet d'un philtre[16].
Épouses et descendance
modifierLucullus se maria et divorça deux fois. L'inconduite de sa première épouse, Clodia, était notoire. Dans le Pour Milon, Cicéron évoque l'inceste dont elle se rendit coupable avec son frère Publius Clodius Pulcher. Lucullus la répudia après son retour d'Orient. Peu après, il épousa Servilia, sœur de Caton[17], qui lui donna un fils nommé Marcus. Elle était aussi débauchée que sa première épouse : le seul vice qui lui manquait, note ironiquement Plutarque, étant de ne pas avoir été corrompue par son frère. Il divorça finalement d'elle lorsqu'il abandonna la politique.
Dans la littérature antique
modifierCicéron, qui était son ami, fait de Lucullus un des protagonistes du dialogue des Académiques, où il présente la philosophie d'Antiochos d'Ascalon, qui avait fait partie de son entourage lors de son séjour en Orient. Cicéron livre un résumé élogieux de sa carrière, et rapporte parmi ses talents qu'il possédait une excellente mémoire des faits[6]. Plutarque, originaire de Chéronée, poussé par la reconnaissance envers Lucullus qui avait défendu ses concitoyens[18], a écrit sa biographie dans ses Vies, en parallèle avec celle du Grec Cimon.
Citation
modifierOn trouve mention de lui dans les Olympiades de Phlégon, citées par Photius, au sujet des 177e Jeux olympiques (dans les années 70 avant notre ère) :
« À cette époque, Lucullus assiégeait Amisos[note 1], mais ayant laissé Muréna[note 2] avec deux légions pour mener le siège, lui-même en conduisit trois autres contre le territoire de Cabiri, où il prit ses quartiers d'hiver. Il ordonna aussi à Hadrien de guerroyer contre Mithridate, qui fut battu. […] Durant la 4e année de cette olympiade, Tigrane et Mithridate, ayant rassemblé une armée de 40 000 fantassins et 30 000 cavaliers et l'ayant organisée à la romaine, affrontèrent Lucullus et furent battus ; Tigrane perdit 5 000 tués et beaucoup de prisonniers en plus d'une foule méprisable[19]. »
Notes et références
modifierNotes
modifier- Aujourd'hui Samsun, sur la côte de la mer Noire.
- Lucius Licinius Murena, élu en fin pour le consulat de 62. Accusé de corruption électorale, il fut défendu par Cicéron avec une plaidoirie parvenue jusqu'à nous et suffisamment brillante pour le faire acquitter.
Références
modifier- Yann Le Bohec 2019, p. 17
- Plutarque, Vie de Lucullus, I
- Henri-Louis Fernoux, Notables et élites des cités de Bithynie aux époques hellénistique et romaine, vol. 31, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, (lire en ligne)
- Hinard 1985, p. 66
- Keaveney 1992, p. 37
- Cicéron, Académiques, livre II, 1
- Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 33
- Claude Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen 264–, tome 1, Les Structures de l'Italie romaine, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes », Paris, 2001 (1re éd. 1979), (ISBN 978-2130519645), p. 110
- Plutarque, Viue de Lucullus, 27 ; Vie de Caton d'Utique, 29
- Plutarque, Vie de Lucullus, LVI-LVII
- Florent Quellier, « C'est le temps des cerises… », L'Histoire no 288, juin 2004, p. 33.
- Keaveney 1992, p. 165
- Plutarque, Vie de Lucullus, 43
- Keaveney 1992, p. 164
- Plutarque, Vie de Lucullus, LXI
- Pline l'Ancien, Histoires naturelles, XXV, 7.
- Plutarque, Vie de Lucullus, LV
- Plutarque, Vie de Cimon, 2
- Cette citation d'un fragment de Phlégon figurant dans la Bibliothèque de Photius semble venir de http://www.tertullian.org/fathers/photius_03bibliotheca.htm.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (it) Mario Villoresi, Lucullo, Florence, 1939
- Jules Van Ooteghem, Lucius Licinius Lucullus, Bruxelles,
- (en) Manuel Tröster, Themes, Character, and Politics in Plutarch's Life of Lucullus. The Construction of a Roman Aristocrat, Stuttgart 2008.
- François Hinard, Sylla, Fayard,
- (en) Arthur Keaveney, Lucullus : A life, Routledge,
- Yann Le Bohec, Lucullus : Général et gastronome, Paris, Tallandier, coll. « L'art de la guerre », , 304 p. (ISBN 979-10-210-3152-4, présentation en ligne, lire en ligne)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives aux beaux-arts :