La Cinéscénie
La Cinéscénie du Puy du Fou est un spectacle son et lumière nocturne présenté par l'Association du Puy du Fou. Il met en scène, de manière romancée, l'histoire de la Vendée, du Moyen Âge à l'après-guerre, au travers de la famille Maupillier.
La Cinéscénie | |
Scène Le Bal 1930, en . | |
Ancien(s) nom(s) | Ce soir, la Vendée |
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Localisation | |
Parc | Puy du Fou |
Lieu | Les Epesses, France |
Coordonnées | 46° 53′ 29″ nord, 0° 55′ 39″ ouest |
Ouverture | |
Données techniques | |
Constructeur(s) | Aquatique Show International, L-Acoustics, Koert Vermeulen (en) |
Nombre de places | 13 069 place(s) |
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Historique
modifierPréambule
modifierLe conseil général de la Vendée achète en 1977 le site du château et y crée, dans l'esprit des projets muséographiques de Georges Henri Rivière, un écomusée (ainsi qu'un centre de recherches et de documentation) animé par le conservateur départemental Francis Ribémont. Cet écomusée a depuis fermé ses portes, ses collections ayant rejoint en 2006 l'Historial de la Vendée, nouvel équipement muséographique réalisé à les Lucs-sur-Boulogne par le conseil général, et les archives départementales pour les ouvrages et documents[1][source insuffisante]. Le Puy du Fou rachète le château en 2012 au conseil général de la Vendée[2].
Parallèlement à l'écomusée est créé un spectacle nocturne qui retrace l'histoire fictive d'une famille locale, du Moyen Âge au XXe siècle : les Maupillier. Son héros est Jacques-Louis Maupillier. Pour le créer, Philippe de Villiers emprunte des éléments de plusieurs « Maupillier ». L'inspiration lui vient lors de la lecture d'Histoire de la Vendée militaire (1840-1842) de Jacques Crétineau-Joly, essayiste et historien contre-révolutionnaire[3]. Il y est décrit différents passages de la vie du paysan Jacques-Louis Maupillier, enrôlé à un jeune âge dans la guerre de Vendée. De plus, de Villiers reprend la fonction de garde du château du Puy du Fou à un autre Maupillier pour façonner le héros du spectacle. Courant dans la région, le patronyme est orthographié variablement Maupillier, Maupillié, Maupillé, Maupillier et Mopilier. Installée depuis le XIIe siècle, une famille Maupillé est localisée avec le concours d'un historien[4].
L'historienne Valérie Sottocasa indique que la mise en scène utilise le château en fond de scène et exalte « le mythe d'un âge d'or durant lequel nobles et gens du peuple auraient été soudés par un même idéal communautaire, image qui ne reflète pas la réalité de l'époque[5] » mais « qui a servi jusqu'à nos jours à consolider une culture politique dont témoignent les commémorations du Puy-du-Fou, sans doute les plus spectaculaires du genre[5] ».
Spectacle
modifierNée de l'imagination de Philippe de Villiers[6] en 1977 et incarnée, depuis, par 4 000 bénévoles appelés « Puyfolais », la Cinéscénie réunit 2 400 acteurs, 2 000 projecteurs, 28 000 costumes, 142 jets d'eau. Alexandre Lagoya compose une bande sonore pour le premier spectacle son et lumière Ce soir, la Vendée[7]. La société Aquatique Show International conçoit et réalise les effets aquatiques, jeux d'eau et fontaines depuis 1984 (dans un premier temps pour le son et lumière et ensuite pour le parc)[8]. Le domaine de la sonorisation et de l'acoustique du parc et de La Cinéscénie est dévolu à Christian Heil, fondateur de L-Acoustics[9]. De 1982 à 2002, la musique diffusée est signée, bénévolement, Georges Delerue ; en 2003, pour les vingt-cinq ans du Puy du Fou, Nick Glennie-Smith renouvelle la musique du spectacle. Quelques acteurs célèbres ont prêté leur voix au spectacle : Gérard Depardieu[10], Philippe Noiret, Jean Piat[11], Robert Hossein, Alain Delon, Suzanne Flon, Jean Reno, Catherine Salviat[12], Michel Duchaussoy[13]. Avec une tribune panoramique de 13 069 places[14], le son et lumière accueille près de 360 000 spectateurs par an, lors de ses vingt-huit représentations. Koert Vermeulen (en) conçoit et réalise les effets visuels et lumineux du parc et du son et lumière depuis 2013. Il a l'idée d'introduire des drones dans ce spectacle pour créer une chorégraphie. ACT Lighting Design, Puy du Fou et la DGAC se sont associés pour créer les drones Neopter. Ceux-ci sont fabriqués par la société Pixiel[15],[16],[17],[18].
Depuis 1977, la Cinéscénie est un spectacle privé propriété de l'Association du Puy du Fou. Le premier spectacle a eu lieu le [19]. 81 000 visiteurs y assistent la première année, alors qu'il en fallait 40 000 pour amortir les couts[20].
Modifications apportées au spectacle au fil des années
modifierRégulièrement, des modifications techniques ou scéniques sont apportées au spectacle.
En 1990, inauguration de la nouvelle tribune de 9 000 places en vue panoramique[20].
En 2015, la scène de la Renaissance s'étoffe, Catherine du Puy du Fou offre au roi François Ier un bal vénitien. Pour cette scène, quatre gondoles de 18 m de long sortent de l'eau et le château se transforme en palais des Doges[21].
En 2017 est construit le village du rempart. Il s'agit d'un nouveau décor-village de 70 mètres à la gauche du château. Les tableaux mettant en scène les drones Neopters évoluent, avec 12 neopters pour la scène des croix (bougies), 5 neopters pour la scène de la liberté (drapeaux tricolores) et, enfin, 20 neopters pour le final (danseuses). Le prélude est complètement revu. Les derniers bancs en bois en bas de la tribune sont remplacés par des sièges individuels pour plus de confort, réduisant la capacité de la tribune à 13 069 spectateurs[14].
En 2018, le milieu du spectacle est revu, la scène du chant des moulins est supprimée et une nouvelle scène apparaît, le « Tocsin des âmes », intercalée entre la « Révolte » et les « Adieux ». Les drones Neopters sont remplacés par trente modèles plus stables et pouvant transporter des bannières de 12 m2[22].
En 2019, la scène du « Rêve » accueille un nouveau décor, une chapelle en ruine détruite par les flammes qui se déploie en quelques secondes, sortant du sol. La voix de Gérard Depardieu est posée sur cette nouvelle scène. Deux cents personnages supplémentaires font leur apparition et de nouveaux costumes sont ajoutés[23],[24].
En 2021, lors du tableau de l'entre-deux-guerres dans les années 1930, un MD 312 Flamant surgit dans le ciel et disperse les participants du grand bal populaire en bombardant la scène et le château[25].
En 2022, la scène de la Première Guerre mondiale est revue avec la construction d'un champ de bataille dans une zone peu profonde de l'étang et l'ajout de tremplins hydrauliques qui simulent l'explosion de mines anti-personnel en projetant les acteurs dans l'eau.
En 2024, une scène est ajoutée à l'occasion des 80 ans de la libération, elle est inspirée du débarquement de Provence des hommes du général Jean de Lattre de Tassigny[26]. Des chars américains ont été moulés spécialement pour cette scène[27].
Critiques : une vision orientée de l'histoire de la Vendée
modifierJean-Clément Martin et Charles Suaud, professeur de sociologie à l'université de Nantes et directeur du Centre nantais de sociologie, font remarquer que le spectacle de la Cinéscénie dépeint une société paysanne vendéenne faussement uniforme, « privée de ses contradictions internes », occultant à la fois les affrontements ayant eu lieu en Vendée entre catholiques et protestants pendant les guerres de Religion et les rapports de domination économique et sociale entre nobles et paysans[28].
Selon France culture, le spectacle introduit la notion de « génocide vendéen » qui en réalité n'a pas eu lieu : les historiens spécialistes du sujet indiquent simplement qu'il y a eu des « guerres de Vendée », des guerres menées sans volonté d'extermination, même si en 1793 des massacres se sont effectivement déroulés. Dès le début du projet du Puy du Fou, les historiens Jean-Clément Martin et Claude Langlois ont dénoncé une « instrumentalisation fantaisiste et mensongère de l’histoire au service d’un projet réactionnaire »[29]. En 2019, l'historien Guillaume Mazeau estime que le spectacle véhicule toujours un « combat culturel », et associe la naissance de la République française à un événement génocidaire fantasmé qui construit l'image d'une république qui serait « par nature mauvaise et totalitaire »[30].
France culture signale que les massacres en Vendée ont été pendant longtemps passés sous silence par l’historiographie légitime, ce qui a pu créer un sentiment d'injustice, et donc favoriser l'émergence d'une réécriture de l'histoire. Cette « contre-histoire » a été soutenue pendant un temps par certains historiens, créant des polémiques virulentes entre historiens dans la deuxième moitié des années 1980. Selon France culture, le Puy du Fou, au-delà de son agenda politique et son combat culturel, a participé à l'émergence de ce contre-récit s'introduisant dans les milieux académiques. Le débat a finalement été tranché, l'expertise scientifique rétablissant la réalité historique, celle de l'absence d'intention génocidaire, mais de l'existence de massacres injustement ignorés pendant un temps[29].
Chiffres
modifierUne subvention de 60 000 FRF est accordée pour la deuxième saison du son et lumière de la part du comité du tourisme en Vendée et du comité des affaires culturelles du conseil général[31],[32].
En 2000, le chiffre d'affaires de la Cinéscénie atteint cinq millions d'euros. En 2001, il est de 5,6 millions pour le son et lumière. En 2002, son chiffre d'affaires atteint 5,6 millions. En 2003, il est de 6,06 millions. Au début des années 2000, il est fréquenté par un peu moins de 400 000 spectateurs annuellement[33].
Le nombre d'entrées se chiffre en 2009 à 400 000[34].
En 2022, environ 2 600 acteurs jouent dans la Cinéscénie, ainsi que 4 200 Puyfolais (acteurs bénévoles)[35],[36],[37].
Notes et références
modifier- « Le château du Puy du Fou », sur ideoguide.com (version du sur Internet Archive).
- Victoria Gairin, « Le Défi », dans Jérôme Cordelier, Thibaut Déléaz, Victoria Gairin, Catherine Golliau et Étienne Gernelle (dir.), Puy du Fou : Les secrets de la nouvelle multinationale du spectacle, Paris, Le Point, (ISBN 978-2-85083-031-0, ISSN 0242-6005), Un songe italien, p. 23.
- Jacques Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, Paris, Plon, 1840-41 (OCLC 187165543).
- Victoria Gairin, « Le Défi », dans Jérôme Cordelier, Thibaut Déléaz, Victoria Gairin, Catherine Golliau et Étienne Gernelle (dir.), Puy du Fou : Les secrets de la nouvelle multinationale du spectacle, Paris, Le Point, (ISBN 978-2-85083-031-0, ISSN 0242-6005, lire en ligne), La saga des Maupillier au Puy du Fou, p. 24.
- Valérie Sottocasa, « Ceux qui disent non », L'Histoire, no 342, , p. 65 (lire en ligne).
- Philippe de Villiers et Michel Chamard, L'Aventure du Puy du Fou : entretien avec Michel Chamard, Lyon, Éditions de la Loupe, , 196 p. (ISBN 9782848682457 et 2848682450, OCLC 762567787).
- « Puy du Fou : avant la première - Archive INA » [vidéo], sur INA, YouTube, (consulté le ).
- « Le vendeur de rêve », sur L'Obs, (consulté le ).
- Alice Boivineau, « La Cinéscénie du Puy du Fou : 40 années d’une épopée technique », sur sonovision.com, (consulté le ).
- « Gérard Depardieu bénévole au Puy du Fou », sur lanouvellerepublique.fr, (consulté le )
- Jérôme Cordelier, « Puy du Fou : la Cinéscénie, l'envers du décor », sur Le Point, (consulté le )
- « Vendée : Robert Hossein amoureux du Puy du Fou », sur lanouvellerepublique.fr, (consulté le )
- « Au parc du Puy du Fou, Alain Delon était l’une des grandes voix de la Cinéscénie », sur lanouvellerepublique.fr, (consulté le )
- V. G., « Coronavirus : après la polémique des 12 000 spectateurs, le Puy du Fou revoit sa copie », Le Parisien, (consulté le ).
- (en) Joe Kleiman, « ACT Lighting Design and Puy du Fou introduce a new starring role for drones in live entertainment », sur inparkmagazine.com, (consulté le ).
- Emmanuel Schmitt, « Puy du Fou : 25 ans et toujours renouvelé », sur La Nouvelle République du Centre-Ouest, (consulté le ).
- « Comment et pourquoi le Puy du Fou a developpé sa propre flotte de drones », sur BFM TV, (consulté le ).
- (en) Joe Kleiman, « Puy du Fou Wins mondo*dr Award for Best Integrated Resort », sur inparkmagazine.com, (consulté le ).
- « Le Puy du Fou fête ses 30 ans de succès, entre Histoire et spectacle », sur La Dépêche du Midi, (consulté le ).
- Catherine Golliau, « Le Défi », dans Jérôme Cordelier, Thibaut Déléaz, Victoria Gairin, Catherine Golliau et Étienne Gernelle (dir.), Puy du Fou : Les secrets de la nouvelle multinationale du spectacle, Paris, Le Point, (ISBN 978-2-85083-031-0, ISSN 0242-6005), Comment les « Puyfolais » déplacèrent les montagnes, p. 10-11.
- « Cinéscénie vénitienne au Puy du Fou », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Saison 2018, la Cinéscénie s'enrichit d'innovations », sur vendee-tourisme.com (version du sur Internet Archive).
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- Le directeur du Puy du fou déclare que la reconstitution des chars a été confiée à une entreprise vendéenne spécialisée dans le nucléaire : « EN IMAGES - 80 ans du Débarquement : le Puy du Fou rend aussi hommage aux libérateurs - France Bleu », sur ici par France Bleu et France 3, (consulté le )
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- Chloé Leprince, « Le Puy du Fou, ses bénévoles, son « génocide » : comment se fabrique une contre-histoire », sur France Culture, (consulté le )
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- Emmanuel Guimard, « Le parc à thèmes du Puy du Fou exporte son expérience », sur Les Échos, (version du sur Internet Archive).
- AFP, « Le Puy du Fou ouvre sa saison 2010 avec un nouveau spectacle médiéval », sur Le Parisien, (version du sur Internet Archive).
- « La Cinéscénie du Puy du Fou reprend ce samedi - France Bleu », sur ici par France Bleu et France 3, (consulté le )
- Jeanne HUTIN, « PORTRAITS. Au Puy du Fou, rencontre avec les bénévoles qui font vivre la Cinéscénie », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « PUY DU FOU : l'incroyable défi du nouveau spectacle », sur YouTube.
Bibliographie
modifier- Michel Vovelle, « Un historien au Puy du Fou », Le Monde diplomatique, Paris, no 485, , pp. 16-17 (ISSN 0026-9395, OCLC 978864059, ASIN B004EU5YMQ, lire en ligne)
- Jean-Clément Martin et Charles Suaud, « Le Puy du Fou : L'interminable réinvention du paysan vendéen », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 93, no 1 « L’invention du passé national / Le ghetto vu de l’intérieur », , p. 21-37 (ISSN 0335-5322, OCLC 820603509, lire en ligne)
- Marie-Christine Tabet, « Les secrets du Puy du Fou, l'œuvre de Philippe de Villiers », Le Journal du dimanche, Levallois-Perret, (lire en ligne)
- Camille Vigogne et Thomas Mahler, « « J'ai tout inventé » : enquête sur Philippe de Villiers, le meilleur complotiste de France » [archive du ], sur L'Express, Paris, (consulté le ) [lien alternatif]
Annexes
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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- Site officiel
- Ressource relative au spectacle :