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Constantin Cavafy — Wikipédia

Constantin Cavafy

écrivain et poète grec

Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes (en grec Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης), est un poète grec né le à Alexandrie en Égypte et mort le dans la même ville.

Constantin Cavafy
Κωνσταντίνος Καβάφης
Description de cette image, également commentée ci-après
Cavafy, vers 1900 à Alexandrie
Nom de naissance Konstantinos Petrou Kavafis
Naissance
Alexandrie,
Égypte ottomane
Décès (à 70 ans)
Alexandrie,
 Royaume d'Égypte
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture grec moderne

Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature grecque du XXe siècle. Il fut fonctionnaire au ministère des travaux publics d'Alexandrie, journaliste et courtier à la bourse d'Alexandrie.

Biographie

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Constantin Cavafy est le dernier des neuf enfants de Petros Kavafis, négociant en import-export de textiles et coton, et de Hariklia Photiadis, fille de diamantaire, tous deux originaires de Constantinople et installés à Alexandrie. Son père décède en 1870 et la famille s'installe alors en Grande-Bretagne, à Liverpool. Ces années passées en Grande-Bretagne le marquent profondément et ses écrits dénotent une grande familiarité avec la tradition poétique anglaise, particulièrement Shakespeare, Browning et Wilde. Sa langue maternelle reste teintée d'une pointe d'accent anglais jusqu'à la fin de ses jours.

 
La Bourse d'Alexandrie vers 1900.

À la suite de spéculations hasardeuses, la famille se retrouve ruinée et retourne vers 1879 à Alexandrie, puis, anticipant les émeutes de 1882 qui allaient précipiter la guerre anglo-égyptienne, les Cavafy quittent à nouveau cette ville pour Constantinople. Constantin Cavafy y vit trois ans, dans une certaine précarité ; c'est durant cette période que vraisemblablement il a ses premières relations homosexuelles et qu'il rédige ses premiers vers, en anglais, en français et en grec. Il envisage un temps d'embrasser une carrière politique puis, de retour à Alexandrie en 1885, travaille pour le journal Telegraphos et comme assistant d'un de ses frères à la Bourse d'Alexandrie. Durant cette période, son ambition demeure cependant l'écriture et il poursuit la rédaction de poèmes et d'essais.

En 1892, à 29 ans, il entre au Service de l'Irrigation du ministère des Travaux publics, administration dans laquelle il accomplit toute sa carrière, finissant directeur-adjoint. Également courtier à la Bourse d'Alexandrie à partir de 1894, il mène par la suite une existence confortable en compagnie de sa mère jusqu'au décès de celle-ci, en 1899. En 1922 il se retire et passe le reste de sa vie à Alexandrie, se consacrant exclusivement à son œuvre et se rendant régulièrement en Grèce ; vers 1930, déjà célèbre mais malade, il habite un médiocre hôtel d'Athènes, place Omónia, où il reçoit de jeunes admirateurs ; c'est à Alexandrie qu'il meurt d'un cancer du larynx en 1933[1], le jour même de son 70e anniversaire.

Cavafy a beaucoup voyagé en Angleterre, en France (où il a résidé) et en Grèce. S'il eut une petite notoriété au sein de la communauté grecque d'Alexandrie et quelques amitiés dans les cercles littéraires (il fut en relation pendant plus de vingt ans avec Edward Morgan Forster), pendant longtemps son œuvre resta inconnue du grand public. Quoiqu'il ait rencontré de nombreux hommes de lettres grecs lors de ses nombreux déplacements à Athènes, il n'eut pas de réelle reconnaissance de ses pairs, probablement à cause d'un abord déroutant de sa poésie pour l'époque. Un peu de lumière est portée sur son œuvre par la publication, le , dans la revue Panathinaia (el), grâce à l’article historique de Grigórios Xenópoulos sur Cavafy, intitulé « Un poète ». Ce n'est que près de vingt ans plus tard, au lendemain de la défaite grecque à l'issue de la guerre gréco-turque, qu'une nouvelle génération de poètes grecs de tendance nihiliste, tels Kóstas Karyotákis, puisent leur inspiration dans son œuvre.

Il n'a publié aucun recueil de son vivant, donnant des poèmes à des revues littéraires ou les faisant circuler auprès de quelques amis sous forme de feuillets et de brochures auto-édités. En outre il remaniait sans cesse ses textes, et en détruisait beaucoup, en particulier pour ses œuvres de jeunesse. Ainsi, l'essentiel de son œuvre a été composé après son quarantième anniversaire. Cavafy a publié 154 poèmes, auxquels on peut en ajouter 75 restés inédits jusqu’en 1968, 37 autres qu’il avait publiés entre 1886 et 1898 mais reniés par la suite[2], et une trentaine restés inachevés, édités pour partie au xxe siècle par la chercheuse byzantiniste Renata Lavagnini[3].

Il est un des poètes les plus célèbres de la Grèce moderne. Et comme Marguerite Yourcenar note dans la préface de sa traduction des poèmes de Cavafy, « c'est aussi l'un des plus grands, le plus subtil en tout cas, le plus neuf peut-être, le plus nourri pourtant de l'inépuisable substance du passé[4]. »

 
Poème autographe de Cavafy : « Outos Ekeinos » (« Voilà l'homme ») - 1909.

Selon Marguerite Yourcenar, « il s'était reconnu de bonne heure une vocation de poète, mais ne garda de sa production d'avant la cinquantième année qu'un petit nombre de poèmes, dont quelques-uns seulement comptent parmi ses chefs-d'œuvre [...]. Cavafy n'a guère laissé circuler de son vivant que quelques rares poèmes insérés çà et là dans des revues ; sa gloire, venue peu à peu, s'alimenta de feuilles volantes distribuées chichement à des amis ou à des disciples ; cette poésie qui étonne à première vue par son détachement, son impersonnalité presque, demeura donc en quelque sorte secrète jusqu'au bout, susceptible dans toutes ses parties d'enrichissements et de retouches, bénéficiaire de l'expérience du poète jusqu'à sa mort. Et c'est seulement vers la fin qu'il a exprimé à peu près ouvertement ses hantises les plus personnelles, les émotions et les souvenirs qui de tout temps, mais de façon plus vague et plus voilée, avaient inspiré et sustenté son œuvre [5]. »

L'originalité de ce poète réside dans le fait qu'il sut de manière incomparable dépasser la manière du Parnasse et tracer en premier la voie de la modernité en Grèce, malgré la critique et même la polémique de ses contemporains. De prime abord sa poésie frappe par la musicalité de sa langue, qui est celle des anciennes colonies grecques, mêlée à des éléments linguistiques archaïques remontant même jusqu'à Homère. Or son apport créateur repose d'abord sur l'utilisation d'une langue singulière, mais qui garde la fraîcheur de son passé, déridée et resplendissante. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le poète sut redonner vie à des mots à jamais péris, mais qui, semble-t-il, avaient toujours droit de cité à la périphérie coloniale grecque et dans la diaspora.

Le recours à la mémoire est en second lieu l'aspect reconnaissable de la poésie de Cavafy. Il puise dans le passé ses thèmes choisis selon une technique jusqu'alors inconnue, en évacuant les contenus des mythes, pour ne garder que les noms. Il restructure ensuite ses propres mythes, en simulant une plongée dans l'histoire de la Grèce. Cette technique place la fiction du poète dans le voisinage des mythes que la tragédie ancienne put forger, éloignée du vécu historique. Les thèmes les plus marginaux, les détails que l'histoire laisse de côté, l'insoupçonnable impression d'une rencontre, l'intimité d'une pensée furtive et les regards, attendris et émus sur le corps humain, tel est son matériel de prédilection. Loin du sentimentalisme, il érige un univers dans lequel l'homme éprouve sa « corporéité » à l'échelle de l'éternité. C'est encore Yourcenar qui conclut : « La réminiscence charnelle a fait de l'artiste le maître du temps ; sa fidélité à l'expérience sensuelle aboutit à une théorie de l'immortalité [6]. »

Selon Michel Volkovitch : « Cavàfis est l'anti-Rimbaud : son développement fut progressif et lent. Ses premiers poèmes sont écrits à l'ombre des Parnassiens, de Baudelaire, des Symbolistes, de Browning ; il ne devient pleinement lui-même qu'aux abords de la quarantaine — un peu comme Proust, son contemporain. Il publie peu et comme à regret, retravaillant certains poèmes inlassablement pendant des années. Il ne verra pas la première édition d'ensemble de son œuvre, parue peu après sa mort [7]. »

Œuvres

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Autour de Cavafy

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  • Cavafy, film biographique de Yánnis Smaragdís, Grèce, 1996, Accattone distribution, Visa : 94406
  • La chanson Alexandra Leaving de Leonard Cohen est inspirée du poème Le dieu a abandonné Antoine.
  • La longue chanson en catalan Viatge a Itaca (Voyage à Ithaque) de Lluís Llach est adaptée de Cavafy.
  • Ce qui reste de la nuit, roman d'Ersi Sotiropoulos (Stock, 2016), raconte trois jours que Cavafy a passés à Paris en 1897.
  • Reviens et prends-moi, court métrage réalisé par Franssou Prenant et sorti en 2005.
  • Al-Madina, film documentaire espagnol sorti en 2010, a pour fil conducteur le poème La Ville de Cavafy.
  • Ouverte à Athènes en , la maison Cavafy rassemble de nombreuses archives du poète, dont environ 2 000 documents et certains objets personnels[8].

Notes et références

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  1. Yourcenar 1958, p. 11-13.
  2. (grk) « Κ. Π. Καβάφης - Ποιήματα » [« C. P. Cavafy - Poèmes »] [archive du ] (consulté le )
  3. (grk) Constantine Cavafy (écriture) et Renata Lavagnini (édition), Ατελή ποιήματα, 1918-1932, Ikaros,‎ (ISBN 978-960-7233-74-5)
  4. Yourcenar 1958, p. 7.
  5. Yourcenar 1958, p. 7 et 8.
  6. Yourcenar 1958, p. 45.
  7. Constantin Cavàfis, Tous les poèmes, Paris, Le miel des anges, , 360 p. (979-10-93103-16-7), Postface
  8. Alexia Kefalas, « Ce nouveau lieu culturel d’Athènes va ravir les amoureux de poésie », sur Le Figaro, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Études sur Cavafy

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  • Marguerite Yourcenar, Présentation critique de Constantin Cavafy, 1863-1933 : suivie d'une traduction intégrale de ses poèmes, par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras, Paris, Gallimard, (réimpr. 1978 et 1994), 294 p.
  • Georges Papadakis, Destin et anamnèse, essai de lecture de la poésie de C. Cavafy, Thèse de Doctorat, Strasbourg, 1987
  • Edmund Keeley and Philip Sherrard, C.P. Cavafy Collected Poems, Chatto & Windus Ltd., London 1998
  • Halbo Kool (nl), Constantin Cavafy, la rue Chérif Pacha est ma nièce, éditions Marguerite Waknine, Angoulême 2013, (ISBN 978-2-916694-60-3)
  • Pierre Jacquemin, Constantin P. Cavafy, De l'Obscurité à la Lumière ou l'Art de l’Évocation, Riveneuve éditions, Paris, 2009, 318 pages, (ISBN 978-2-914214-93-3)
  • Pierre Jacquemin, Constantin Cavafy, Eros, Thanatos, Hypnos, Poèmes érotiques, Riveneuve éditions, Paris, 2011, 208 pages, (ISBN 978-2-36013-037-5)
  • Edward Morgan Forster, Pharos et Pharillon : une évocation d’Alexandrie, trad. de l’anglais par Claude Blanc, Paris, Quai Voltaire, 1991, (ISBN 2-87653-100-3)
  • Lawrence Durrell, Le Quatuor d'Alexandrie.
  • (el) Ο επικούρειος ποιητής Κ. Π. Καβάφης ["Le poète épicurien C. P. Cavafis"], Aspasia Papadoperaki (el), Éditions Sima, Athènes, , 96 pages, (ISBN 978-960-89506-9-6)
  • (el) Η μορφή του Κ.Π. Καβάφη, introduction Georges Ioannou (el), Aspasia Papadoperaki, Éditions Makedos, 1987, 130 pages ; 2e édition Athènes 2003, Éditions Papasotiriou.
  • Yves Leclair, Sur le billet retour à Ithaque de Cavafy, in La Nouvelle Revue Française, no 570, éditions Gallimard, Paris,

Articles connexes

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Liens externes

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