Bataille d'Alicudi
La bataille navale d'Alicudi, aussi connue sous les noms de seconde bataille du Stromboli[1] et bataille de Milazzo[2], a lieu le , dans la mer Tyrrhénienne au large de l'île d'Alicudi, une petite île volcanique appartenant à l'archipel des îles Éoliennes, situé au nord des côtes de la Sicile. Elle oppose une flotte française commandée par Abraham Duquesne à une flotte hollandaise commandée par Michiel de Ruyter. Le résultat est indécis, même si les deux camps revendiquent la victoire.
Date | |
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Lieu | Au large des côtes nord siciliennes (Îles Éoliennes) |
Issue |
Indécise Victoire stratégique française |
Royaume de France | Provinces-Unies Monarchie espagnole |
Abraham Duquesne | Francisco de la Cerda Michiel de Ruyter |
29 navires de lignes 8 brûlots |
27 navires de ligne 9 galères |
~500 morts | ~700 morts |
Batailles
- Groenlo (06-1672)
- Solebay (06-1672)
- Coevorden (06-1672)
- Nimègue(07-1672)
- Groningue (07-1672)
- Saint-Lothain (02-1673)
- Schooneveld (1re) (06-1673)
- Maastricht (06-1673)
- Schooneveld (2de) (06-1673)
- Texel (08-1673)
- Bonn (11-1673)
- Arcey (01-1674)
- Pesmes (02-1674)
- Gray (02-1674)
- Scey-sur-Saône (03-1674)
- Chariez (03-1674)
- Vesoul (03-1674)
- Arbois (03-1674)
- Orgelet (03-1674)
- Besançon (04-1674)
- Dole (05-1674)
- Sinsheim (06-1674)
- Salins (06-1674)
- Belle-Île (06-1674)
- Lure (07-1674)
- Faucogney (07-1674)
- Sainte-Anne (07-1674)
- Fort-Royal (07-1674)
- Seneffe (08-1674)
- Entzheim (10-1674)
- Mulhouse (12-1674)
- Turckheim (01-1675)
- Stromboli (02-1675)
- Fehrbellin (06-1675)
- Salzbach
- Consarbrück
- Alicudi
- Agosta
- Palerme
- Maastricht
- Philippsburg
- Valenciennes
- Cambrai
- Saint-Omer
- Tobago
- La Peene (Cassel)
- Ypres
- Rheinfelden (07-1678)
- Saint-Denis
Coordonnées | 38° 32′ 15″ nord, 14° 25′ 26″ est | |
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Le contexte
modifierPendant la guerre entre la France et la Hollande, la ville de Messine se révolte contre les Espagnols. En 1674, soumise à un blocus, elle appelle à son secours le roi de France. Celui-ci accepte la demande et envoie une flotte sur les côtes de Sicile, avec Valbelle, 1675 avec Duquesne et en 1676 sous le commandement du duc de Vivonne. L'escadre bleue est alors commandée par Abraham Duquesne, la blanche et bleue par le chef d'escadre de Preuilly-d'Humières.
Le ravitaillement des révoltés doit être assuré par des convois, surtout de blé. Les Espagnols subissent plusieurs revers en essayant de s'opposer à ces convois.
Les Hollandais ont décidé de venir en aide à l'ennemi de leur ennemi et envoient une flotte en Méditerranée, sous le commandement de l'amiral Ruyter. Dans la lettre du 26 juillet 1675 que le Stathouder Guillaume III adresse à Ruyter, il lui donne l'ordre d'aller trouver :
- « ...l'armée navale d'Espagne, afin que celle-ci étant jointe à la flotte des Etats, elles allassent ensemble, avec la bénédiction de Dieu, faire rentrer Messine sous l'obéissance du roi d'Espagne. »[3]
Mais la campagne manque de véritable intérêt pour les Pays-Bas et la flotte hollandaise est faible et mal équipée. Michiel de Ruyter est un adversaire du Stathouder dans les politiques internes des Pays-Bas et c'est à cause de cela que c'est lui qui reçoit l'ordre de commander cette flotte : tous les deux savent que c'est une mission impossible.
Sur place, Vivonne décide de s'emparer d'Augusta, centre de ravitaillement espagnol et base intéressante pour surveiller la côte méridionale de Sicile. La place est capturée le 12 août 1675.
Le 20 décembre 1675, les Hollandais arrivent à Milazzo.
Les forces en présence
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France
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Pays-Bas - Espagne
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Le combat
modifierL'approche des Français est annoncée à Ruyter par des feux allumés sur les îles Lipari. Le 8 janvier au matin, les deux flottes sont en vue l'une de l'autre, à une vingtaine de lieues[4] au nord des côtes siciliennes.
Le vent, changeant, et faible, est passé à l'ouest. Les deux flottes courent au sud-ouest (en direction de Palerme) ; elles sont écartées d'une lieue et demi[5]. Les Français ont l'avantage du vent et peuvent donc choisir le moment de l'attaque.
À neuf heures, les Français attaquent. Les deux lignes se canonnent. Les dégâts causés aux mâtures obligent certains navires à quitter momentanément la ligne pour effectuer des réparations d'urgence, mais cela ne remet pas en cause l'ordre des 2 lignes.
Les Français utilisent 3 de leurs brûlots, mais sans résultats[6].
Au soir, les galères espagnoles essaient de canonner Le Sceptre de Tourville qui riposte en utilisant les pièces de 36 livres de sa batterie basse[7]. Les galères n'insistent pas et se contentent de prendre en remorque 2 des navires hollandais.
Au soir, les Hollandais continuent sur leur cap ; les Français virent pour repartir au nord-est, vers le Stromboli.
Les suites du combat
modifierCette bataille indécise n'apporte aucun résultat stratégique. Les deux camps clament victoire, mais il faudra attendre les rencontres suivantes, Agosta et, surtout, Palerme, pour que la victoire soit acquise aux armes du Roi-Soleil.
Notes et références
modifier- En référence à la première bataille du Stromboli, qui a lieu le 11 février 1675.
- Michel Vergé-Franceschi, article « Alicudi » in Dictionnaire d'Histoire Maritime [réf. incomplète]
- Cité par A. Jal, page 190 (tome 2).
- Il s'agit de lieues marines, valant chacune 3 milles marins.
- Ce qui fait environ 8 kilomètres, donc largement hors de portée de canon.
- Les 2 attachés à l'avant-garde et l'un du corps de bataille.
- Relation de Valbelle, dans E Sue, p. 78.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifierIl n'existe que peu de travaux détaillés récents consacrés à cette bataille. À défaut, on pourra se reporter aux ouvrages suivants :
- Ernest Harold Jenkins, Histoire de la Marine Française, Paris, 1977 (ISBN 2-226-00541-2)
- R. Jouan, Histoire de la Marine Française, Paris, 1950,
- Michel Vergé-Franceschi, Abraham Duquesne, huguenot et marin du Roi-Soleil, Paris 1992 (ISBN 2-7048-0705-1).
- Philippe de Villette-Mursay, Mes campagnes de mer sous Louis XIV, Tallandier, 1991 (ISBN 2-235-02047-X). Souvenirs d'un participant au combat. Les notes apportées par M. Vergé-Franceschi sont particulièrement bien fournies.
- Maurice Dupont et Étienne Taillemite, Les guerres navales Françaises du Moyen Âge à la guerre du Golfe, Paris, SPM, coll. « Kronos », , 392 p. (ISBN 2-901952-21-6), p. 92-94
- Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 620 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)
- John A. Lynn, Les guerres de Louis XIV, Paris, éditions Perrin, coll. « Tempus », , 561 p. (ISBN 978-2-262-04755-9)
Les ouvrages anciens sont les plus détaillés.
- Onésime Troude, Batailles navales de la France, t. 1, Paris, Challamel aîné, 1867-1868, 453 p. (lire en ligne)
- Charles La Roncière, Histoire de la Marine française : La Guerre de Trente Ans, Colbert, t. 5, Paris, Plon, , 822 p. (lire en ligne) ;
- V. Brun, Guerres maritimes de France (port de Toulon) ;
- Léon Guérin, Histoire maritime de France ;
- Auguste Jal, Abraham Duquesne et la marine de son temps, 2 volumes, Paris ;
- Charles Chabaud-Arnaud, Études historiques sur la marine militaire de France, in Revue Maritime et Coloniale, janvier 1889, pages 67 et suivantes. Ce document est consultable sur le site Gallica de la BNF.